Pierre-André Comte

 

Discours de Pierre-André Comte, Maire de Vellerat, Secrétaire général du Mouvement autonomiste jurassien

et de la Conférence des peuples de langue française


Chers amis fouronnais,


Mon plaisir est immense d’être à nouveau parmi vous à l’occasion de la 36e Fête du peuple fouronnais. Je vous apporte le salut amical de mes concitoyens de Vellerat et de tous les militants jurassiens.


Vous le savez peut-être, le Jura suisse s’apprête à vivre un nouveau scrutin d’autodétermination. En novembre 2013, Jurassiens du sud restés sous juridiction bernoise et Jurassiens du Jura républicain diront s’ils souhaitent restaurer leur unité perdue au gré d’une injustice historique. Vous pouvez donc imaginer dans quel état de tension nous sommes face à la responsabilité qui nous incombe. Nous aurons à nous dépasser et à réaliser ce que l’histoire réclame depuis si longtemps, pour bâtir une nouvelle maison commune dans l’enceinte de laquelle nous réaliserons notre communauté de destin. L’enjeu est là, dans toute sa gravité, qu’une Assemblée constituante devrait être appelée à mettre en lumière avant que le peuple jurassien ne se prononce. Le Mouvement autonomiste jurassien est complètement mobilisé, et l’action qu’il a engagée depuis juin dernier montera en puissance ces prochains mois, jusqu’au grand rendez-vous de l’automne 2013. Avec mes amis et en tant que secrétaire général du mouvement, j’y veillerai et y consacrerai toute mon énergie.


Je suis là, chers amis, pour vous témoigner la solidarité de ma commune, votre commune jumelée, celle aussi du peuple jurassien dans le combat que nous menez pour la liberté et la démocratie. Vous connaissez les sentiments que je nourris à l’égard des décisions politiques qui vous ont conduit dans la situation où vous êtes. Elles sont méprisables. Mais vous avez résisté et êtes restés debout. Vous vous montrez dignes de l’héritage qui vous a été confié. « Qui veut faire quelque chose trouve un moyen ; qui ne veut rien faire trouve une excuse », dit un proverbe. C’est bien connu : celui qui ne fait rien recule. Même si, de votre côté, vous restez persuadés du bienfait de l’action et y consacrez beaucoup d’efforts, vos adversaires et vos partenaires sont trop souvent enclins à vous mépriser ou à vous sous-estimer. N’acceptez jamais le déni de justice ! Ne lâchez rien ! Regardez-les en face et exigez de vos adversaires et de vos partenaires qu’ils vous rendent des comptes ! Ils vous les doivent ! La majorité flamande du Conseil communal vous est redevable de droits, la communauté politique francophone vous est comptable d’une dette à payer. En toute circonstance, faites savoir que rien ne vous empêchera de clamer haut et fort votre appartenance culturelle, d’en revendiquer la reconnaissance et d’exiger qu’on y donne suite dans le respect de vos libertés fondamentales.


Si la fraternité entre les peuples reste une exigence morale supérieure, celle de la solidarité des communautés humaines exposées à la dénégation de leurs justes aspirations n’est pas moins importante. C’est la raison de ma présence à vos côtés. C’est l’explication de l’affection que vous portent toutes celles et ceux, en Wallonie, dans le Jura et ailleurs, qui se sentent tout naturellement conviés à vous épauler dans votre combat pour la démocratie. Et c’est au nom de cette solidarité-là, irrécusable que je veux me prononcer sur les questions que posent aujourd’hui les Fouronnais aux forces politiques censées en défendre le libre arbitre et les ambitions légitimes.


A la première, il n’est qu’une réponse possible : pacta sunt servanda ! Les accords doivent être respectés, et quiconque en situation d’agir ne fait rien pour qu’ils le soient doit faire amende honorable, reprendre et respecter ses engagements, pour le moins présenter ses excuses ou se démettre.


Il est on ne peut plus simple de répondre à la deuxième question : la liberté d’expression des Fouronnais francophones n’est pas négociable, et quiconque ose y toucher doit être sévèrement condamné par l’opinion publique et la sanction qu’implique une violation des Droits de l’Homme.


A la troisième question, il n’est pas moins aisé d’apporter la seule réponse qu’on peut en attendre : les infrastructures sportives, le patrimoine scolaire, l’école, pilier de l’identité culturelle, personne n’a le droit d’y porter atteinte sous peine de s’attirer ennuis politiques, déboires juridiques ou rétorsion civique ; nul ne peut se contenter d’assister à un démantèlement du bastion culturel sans se couvrir de honte. Voilà mes réponses, chers amis, aux questions essentielles que vous vous posez. Nous serons toujours à vos côtés pour en relayer le contenu et en rappeler les principes. Vous n’êtes pas seuls, croyez-le bien, et s’il fallait qu’on vous laisse à l’abandon, alors l’histoire, la contrainte des faits et la volonté des hommes de bonne volonté et de loyauté vous rendront raison.


Pour l’heure, je voudrais adresser un salut amical et fraternel à Jean-Louis Xhonneux et à la délégation fouronnaise qui nous rejoint chaque année à la Fête du peuple jurassien, pour les remercier de leur fidélité à notre cause commune. Je voudrais aussi redire toute mon amitié au président José Happart, et saluer en lui la résistance assidue à l’injustice orchestrée par les nationalistes flamingants et autres démocrates de peu de foi, je voudrais dire mon sentiment de solidarité avec José Smeets, chef de file de la liste Respect, Avenir et Libertés, et à ses colistiers auquel je souhaite plein succès, avec aussi Nico Droeven, tête de liste R.A.L. au C.P.A.S., et ses co-prétendants, enfin je voudrais dire mon profond attachement à la population francophone des Fourons, digne en toutes choses, exemplaire malgré les vents contraires, mais déterminée à défendre ses droits les plus essentiels. Honneur à elle, honneur à vous tous, chers amis ! Votez ! Battez la campagne ! Dites ce à quoi vous rêvez, convainquez et vous vaincrez !


Vive les Fourons reconnus dans leurs libertés fondamentales !

Pierre-André Comte